Voyage enseignants en Tanzanie : découvrez leurs impressions
Durant le mois de juillet, un groupe d’enseignants est parti en Tanzanie afin de découvrir les projets d’Iles de Paix sur place ainsi que la culture du pays. Le but du projet est d’informer et de mobiliser les enseignants en les éclairant sur les spécificités de l’approche d’Iles de Paix en Tanzanie afin qu’ils puissent informer leurs élèves et le reste de leur école.

Nous avons recueilli les impressions de Léa, Elisa, Anne et Marlies :
Par quoi avez-vous été surprises du séjour en Tanzanie ?
Léa : J’ai été agréablement surprise par la manière dont les agriculteurs, des milieux ruraux que nous avons rencontrés, s’occupent de leur production, issue souvent de semences locales (seed bank), avec des méthodes « simples » (par exemple l’irrigation « goutte par goutte », …) et des engrais naturels. Leurs fermes respectent la terre et s’adaptent clairement au climat présent en Tanzanie (qui est malheureusement fort impacté par le réchauffement climatique). Les différents agriculteurs s’associent pour former des « groupes » et gèrent ensemble les récoltes, revenus, … L’entraide est très présente et c’est donc une autre surprise très positive.
Elisa : Par le changement climatique (notamment le lac qui débordait sur la savane); par la demande de vente des locaux ainsi que la pression qu’on nous mettait pour donner des sous/acheter quelque chose (cela m’a énormément culpabilisée par la suite); par la propagation d’informations et de formations faites par les Iles de Paix (nous voyons clairement que vous faites un travail exceptionnel et qu’il est nécessaire pour les agriculteurs et le reste).
Que voulez-vous transmettre de cette expérience à vos élèves ?
Léa : De manière générale : l’importance de l’agriculture durable suite aux enjeux actuels que nous rencontrons sur Terre. Notre séjour en Tanzanie peut s’intégrer facilement dans mes cours de géographie ou d’étude du milieu lorsque l’on aborde les milieux ruraux, les aléas, l’agriculture, … Je pourrai donc la partager à travers plusieurs séquences afin de donner plus de concret à mes élèves. Pour terminer, tout simplement partager l’expérience vécue avec Marlies à tous nos élèves pour les sensibiliser davantage à l’importance de la campagne au sein de notre établissement.
Elisa : Le conte du Colibri résume bien ce que je veux transmettre à mes élèves. Nous pouvons, à notre échelle, transmettre l’importance du bien être de la planète. De plus, cultiver même à toute petite échelle et de manière durable est possible même si cela nous paraît être une énorme tâche. Pour les petits, la différence de culture, la localisation des pays dans le monde et les différentes manières de vivre…
Marlies : Tout d’abord la mentalité positive des gens : ils se lèvent chaque jour pour faire de leur mieux et avec la banane … ils ont un sourire sans fin. Pour les cours de géographie je voudrais utiliser Karatu / Arusha comme cas d’étude au niveau de l’agriculture et comment les agriculteurs s’adaptent aux défis (relief, climat, nourriture diversifié, érosion …) sur ces lieux. La globalisation dans le monde : par exemple le PizzaHut à Arusha, Coca Cola qui peut être bu et acheté partout, les vêtements qui viennent de chez nous et qui sont vendus sur le marché à Karatu …) Pour l’enseignement, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais cela m’a surpris positivement : il y a pas mal des choses similaires avec notre programme. Mais les professeurs nous ont aussi expliqué leur difficultés (distance école-maison, pas assez de livres/matériels scolaires pour les élèves…). Je pourrais utiliser ces deux expériences pour les cours de géographie et d’EDM.
Anne : Ce que nous avons découvert dans les différentes communautés que nous avons visitées s’intègre parfaitement dans le cours de géographie, notamment en 4ème (“Nourrir le monde”) et en 5ème (mondialisation – échanges Nord-Sud) : Cet été nous montre une fois de plus que le dérèglement climatique, c’est aujourd’hui et c’est partout, nous sommes tous concernés. Depuis quelques années déjà, j’essaie d’expliquer à mes élèves que nous devons impérativement changer nos comportements de consommateurs. Au-delà de la solidarité envers les populations des régions plus pauvres de la planète, il en va de la survie de tous. Ce que j’essaie de leur faire comprendre, c’est que nous devons apprendre à vivre avec moins de confort que celui auquel nous sommes habitués dans nos régions, tout en vivant dignement. Mais vivre dignement avec moins, cela nécessite -outre une bonne dose de créativité- de la volonté, de la solidarité et une capacité de résilience. Des qualités que j’ai trouvées dans les différentes communautés que nous avons visitées. Et qui peuvent nous servir de modèle … D’une part, j’aimerais montrer à mes élèves que les techniques d’agroécologie et les principes de l’agriculture familiale durable, ça marche … même dans des conditions climatiques plus difficiles. Et que ces techniques, parmi d’autres, nous permettront de nous adapter au changement que nous vivons. D’autre part, et de manière plus générale, ce que j’aimerais leur transmettre, c’est que la coopération au développement peut aussi être un échange. Il est bien sûr primordial de continuer à lutter pour une meilleure répartition des richesses en contribuant au développement durable des régions les plus pauvres, et les principes mis en œuvre par Iles de Paix sont pour moi une garantie de réussite. Mais nous aussi, nous pouvons apprendre de ceux que nous aidons. J’espère que cette vision de la coopération motivera d’autant plus mes élèves à s’engager et à participer aux prochaines campagnes.
Quelle a été votre plus grande découverte sur le travail d’Iles de Paix en Tanzanie ?
Léa : J’ai découvert qu’il existait des coopérations avec d’autres associations locales en Tanzanie. Ensuite, découvrir concrètement et non plus par écrit les projets menés sur place d’Iles de Paix était ma plus grande découverte. Cette découverte a joué un rôle important dans mon rôle d’enseignante.
Elisa : L’autonomie – par différents moyens – qu’acquièrent les agriculteurs tant au niveau des plantations que de l’irrigation.
Marlies : J’ai trouvé que c’était très bien de voir que les villageois et les fermiers partagent et transfèrent (si facilement) des savoirs et savoirs-faire (qu’ils ont appris par Iles de Paix et les partenaires Tanzaniens locaux).
Pouvez-vous décrire une visite ou une rencontre qui vous a particulièrement inspiré ?
Léa : La visite de la ferme de Stanley : Stanley était très enthousiaste et fier de nous présenter son projet, c’était agréable de l’écouter nous présenter ce qu’il a mis en place, de nous expliquer ses méthodes ainsi que de rencontrer sa famille. Sa ferme représentait la vision que je me faisais des projets mis en place. Il possède différentes cultures sur sa parcelle de taille modeste et deux méthodes pour irriguer (goutte par goutte-réservoir d’eau) ainsi que quelques chèvres et poules. C’était un beau moment de partage.
Elisa : La rencontre de la dame Maasaï qui se bat pour leurs droits. Cela me conforte dans l’idée qu’il est impératif d’avoir des personnes qui luttent pour les droits fondamentaux. Contrairement à certains (je pense), cela m’a donné de l’espoir pour la suite. C’est en sensibilisant les humains que le monde avancera de manière positive.
Marlies : J’ai choisi 2 rencontres : Lors de la deuxième visite de la première journée : nous avons vu une installation de biogaz dans une ferme à Gendaa et la femme nous l’a expliqué avec une démonstration. Et la visite du deuxième jour à Kambi ya Simba chez Franko : c’était une très belle ferme, bien entretenue et un homme qui racontait avec beaucoup d’enthousiasme et de passion, son histoire. Il avait un demo plot avec un champ des patates douces et des choux, un grand réservoir d’eau, un système d’irrigation et un peu plus loin les villageois ont commencé à faire un nouveau plot selon les principes du demo plot pour pouvoir se débrouiller, comme le programme se terminait là-bas.



